Le jour du Seigneur est-il sur le point d’arriver ?
A cette question, il faut répondre évidemment : oui ! Si ce n’est pas pour ce soir, c’est que ce sera pour demain.
Nous sourions quand nous voyons les premiers chrétiens à l’affût d’une lettre de saint Paul qui leur dirait : « ce coup-ci, c’est bon, Il arrive, soyez prêts ! » Nous pensons qu’ils étaient un peu naïfs de croire que ce serait de leur vivant que l’événement se produirait. Mais, depuis que nous avons perdu cette illusion et que nous nous sommes installés dans le monde comme s’il allait durer toujours, voyez ce qui nous est arrivé : le sel de la terre a perdu la plus grande part de sa saveur !
La conscience vive que le retour du Christ est imminent est la condition nécessaire pour que notre christianisme reste quelque chose d’ouvert. J’entends par ouverture le fait qu’autre chose puisse survenir qui n’est pas déjà inscrit dans ce que nous vivons. Tout le monde ou presque pense de façon fermée, comme si l’avenir n’était que le prolongement du présent. Les pronostics sur la démographie, le climat, la forme que prendra notre société dans dix, vingt ou cinquante ans, excluent par principe le fait que Dieu puisse bousculer toutes ces données et introduire tout simplement un élément nouveau, comme ont pu l’être en leur temps la conversion de Constantin, la découverte de l’Amérique ou la chute du mur de Berlin. L’athéisme est l’exemple même d’une pensée fermée, puisque l’athée est obligé de croire que le monde est un système clos dont il a la clef, puisqu’il croit savoir que Dieu ne peut pas exister.
Pour garder à notre foi son ouverture, il faut que le Jour du Seigneur, le retour du Christ, la résurrection de la chair, le jugement dernier (tout cela est un seul et même évènement) soit autre chose qu’une formule à la fin du catéchisme. Il faut que ce soit notre plus ardent désir, une perspective qui ne s’éloigne pas de notre esprit. Il faut que nous y puisions la contestation de toutes les idéologies qui prétendent détenir le sens de l’histoire.
Nous y trouverons aussi le refus de la résignation et l’indignation devant le mal et la souffrance des hommes. Jésus n’a pas considéré que le handicap, la mort physique étaient choses normales, quand ils les a vus en face, il a pleuré, il a commencé à agir, il a fait appel à son « heure » qui allait bientôt venir et qui serait la grande et définitive solution à ces maux. Nous aussi nous ne devons pas pactiser avec l’acceptation tacite du mal qui le considère comme le prix à payer du progrès. Un jour le Seigneur reviendra et il volatilisera tous ceux qui ont plié la nuque devant la fatalité.
Reprenons-nous. Une certaine habitude de vivre en Eglise nous pousserait à nous glisser frileusement dans le fonctionnement des groupes, des associations, des services, y trouvant notre place et n’ayant pas d’autre horizon que le ronron d’une machine bien huilée. L’Eglise n’a pas pour mission de remplacer le Christ et de rendre inutile son retour. L’Esprit et l’Epouse ne disent qu’un mot : « viens ! » (Apocalypse 22,17).