Il apportera la guérison dans son rayonnement
Difficile de ne pas penser en entendant cette phrase du prophète Malachie à la vision de sainte Faustine qui a donné cette image si répandue aujourd’hui et où on voit le Cœur de Jésus rayonnant de lumière et inondant le monde de sa vivifiante clarté.
Saint Jean (1,4) nous déclare que le Verbe est “vie” et que cette vie est la “lumière des hommes”. Lumière et Vie sont deux approches complémentaires de l’activité du Christ pour nous, l’une renvoie plutôt à l’intelligence, l’autre à la volonté, car la vie dont il s’agit est évidemment le dynamisme de l’être intérieur, son mouvement vers le Bien qu’est Dieu. C’est un malheur si ces deux approches ont été souvent opposées : il y aurait un christianisme qui part de la vie (du “vécu”, comme on disait il y a une vingtaine d’années) et un autre qui part de l’intelligence (c.a.d. des principes, des dogmes). Curieusement d’ailleurs, les théories sur le « vécu » étaient souvent exprimées dans un jargon incompréhensible et d’une redoutable abstraction !
Plus sérieusement, on a vu s’affronter deux visions des sacrements : l’une comme signe et l’autre comme remède. On reprochait à la seconde d’être emprunte de magie, tandis que la première serait plus biblique, plus conforme aussi à l’enseignement de saint Augustin. On rapprochait non sans raison le sacrement de toute la pédagogie divine qui parle à l’homme à travers des paroles et des gestes qui traduisent son projet pour nous. La difficulté, dans cette perspective, était de comprendre comment le sacrement n’était pas seulement parlant pour l’intelligence et le cœur mais efficace au-delà de son effet perceptible sur le sujet. Les sacrements et surtout l’eucharistie se diluaient dans une perpétuelle leçon de choses, où Dieu nous « disait son amour » à travers des réalités simples comme l’eau, le pain, le vin etc… On comprend que certains, scandalisés par cette indigence, aient remis en valeur avec force le côté « opératoire » des sacrements, l’ex opere operato (le sacrement est valide dès que le geste accompagné de la formule prescrite a été accompli par le ministre requis pour cela). Mais il ne sert à rien d’opposer, il faut comprendre. Comprendre comment Dieu agit en mettant la vie en nous, sa vie qui est aussi lumière : il nous montre notre situation réelle de pécheurs et la grandeur de son appel pour nous, il nous propose des démarches à notre portée et, si nous nous laissons faire, il instille sa grâce à nous à l’occasion de ces rencontres, il dilate notre cœur pour que nous recevions, avec toujours plus d’ouverture et de consentement, sa lumière et sa vie, qui restaure notre dynamisme intérieur blessé par le péché.
Il n’y a donc aucune difficulté à présenter l’œuvre du Sauveur non seulement comme une guérison mais aussi comme une illumination. L’Orient chrétien a toujours gardé ce dernier terme pour parler du baptême et pourtant on n’a jamais douté de l’effet très réel qui lui était attaché, qui est même comparé à une nouvelle naissance. Il y a un regard sur Dieu qui est celui des sauvés qui suppose une transformation du regard et de tout l’être. A l’inverse, on voit bien, dans la parabole des mines, comme le péché se nourrit d’une erreur (volontaire ?) sur l’être de Dieu : « j’avais peur de toi, qui es un homme sévère, qui prends ce que tu n’as pas mis en dépôt et moissonnes ce que tu n’as pas semé » (Luc 19,21). La Vérité vous rendra libres !
Finissons avec une exhortation de la Sagesse (15,3) : « Te connaître est la justice intégrale et savoir quel est ton pouvoir est la racine de l’immortalité ».