Votre foi est active
Voilà un beau compliment que saint Paul adresse à la toute jeune Eglise de Thessalonique : « nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ ». Le premier terme nous surprend un peu. Qu’est-ce qu’une foi active ? Nous définirions plutôt la foi comme un accueil, une réceptivité. Nous serions même tentés de considérer que quand on « a la foi », c’est bon, c’est de l’ordre de l’acquis, ça ne bougera plus. Hélas ! Trop d’exemples nous montrent que ce n’est pas le cas et que des catholiques tout-à-fait sûrs d’eux ont malheureusement sombré, et pas toujours à la suite de graves épreuves, mais tout simplement parce que, dans l’ambiance délétère d’aujourd’hui, ils ont perdu un jour pied, se sont contentés d’approximations, voire de concessions de détail et finalement ont tout rejeté.
Méfions-nous de la trompeuse sécurité qui vient en fait de la paresse. La foi se défend, non pas en ignorant les difficultés et les objections qu’on peut lui opposer, mais en s’efforçant, avec la grâce de Dieu, d’y répondre. On ne gagne rien à s’enfermer dans sa tour d’ivoire, un jour ou l’autre on se trouvera confronté à un doute plus fort que les autres et on lâchera. Je dis souvent aux plus jeunes (mais cela vaut pour tous les âges) : « quand vous vous posez des questions sur votre foi, ne les enterrez pas, notez-les sur un petit carnet, vous n’aurez pas toujours la réponse à portée de la main, mais cherchez-la dans la Catéchisme de l’Eglise Catholique ou ailleurs, posez des questions à qui vous parait à même de répondre, jusqu’à ce que vous trouviez ». Car elle existe, cette réponse, la foi n’est pas un rébus, une énigme incompréhensible, elle est lumière. Bien sûr, elle dépasse notre intelligence, mais si nous acceptons de nous laisser conduire par Dieu toujours plus loin, nous verrons que ce qu’il nous dit par les Ecritures et par son Eglise répond en profondeur à l’exigence de vérité que tout homme porte en lui.
Une foi active, c’est évidemment aussi le fait d’un homme, d’une femme, qui prient. La prière, surtout quand elle se fait un peu contemplative, nous redonne le cadre, la profondeur, la hauteur de ce dont il s’agit. Livrés à nous-mêmes, nos plus belles convictions se décolorent, s’aplatissent vite. Nous répétons des mots qui ont de moins en moins de sens. Pour qu’à nouveau les énoncés de la foi retrouvent toute leur séduction, il faut avoir pu les porter dans le silence de la prière. Là l’Esprit nous redonne la vision stéréoscopique de l’objet de notre foi, non des idées, mais une personne vivante, non des théories, mais l’écho ébloui d’une rencontre avec l’indicible, l’innommable, mais qui est en même le plus proche, le plus intime…
Retroussons-nous les manches, avançons, il s’agit de ne pas s’arrêter où nous en sommes. La foi est un don précieux, mais, précisément, c’est un don incandescent, pas une chose, qu’on pourrait mettre dans sa poche et garder en réserve. La parabole des talents nous dit assez bien ce qui risque d’arriver à celui qui enfouit en terre son trésor.