La sagesse éblouissante
Pas facile, pour une fois, de voir le lien qui unit la première lecture tirée du livre de la Sagesse et l’Evangile des Vierges sages et des vierges folles. .. Mais c’est sans doute elle, la Sagesse de Dieu, chargée de dons et pleine de lumière, qui est l’huile dont les vierges sages ont su se munir et qui a fait défaut aux autres.
Retenons pour cette occasion l’éloge de la Sagesse, qui est bienvenue en ce temps de grisaille et de morosité. Ce que Dieu veut partager avec nous, ce ne sont pas seulement des injonctions et des lois, c’est sa manière de voir la vie, c’est sa sagesse. Ou plutôt : ses commandements sont un écho de sa sagesse. La sagesse dit plus que l’intelligence. Ce que Dieu veut pour nous est certainement vrai et juste, mais la sagesse y ajoute quelque chose, une profondeur, un équilibre, une connaissance sympathique de ceux à qui elle s’adresse. On se sent en confiance devant ce Dieu si sage, qui ne cherche pas à nous manipuler, mais qui sait tant de choses sur nous et veut notre bien.
Or sa sagesse vient vers nous chargée de biens. Elle est communicative, et même entreprenante, elle nous propose son amitié, une manière de profiter de ses conseils, pour être à notre tour sages, c.a.d. capables de nous conduire heureusement. Cela ne s’accomplit pas sans peine, il faut « veiller en son honneur », c.a.d. passer du temps à acquérir des principes de discernement, une connaissance des voies de Dieu. Cette sagesse ne se lit pas forcément dans les livres, mais elle demande une expérience intime qui se tisse dans le silence de la prière.
On peut comprendre que saint Paul n’ait pas hésité à voir dans le Christ la Sagesse de Dieu incarnée. En lui, le projet de Dieu se dévoile complétement : l’homme est fait pour Dieu, et plus précisément pour entrer dans l’intimité du Père, du Fils et du Saint Esprit. Et Jésus venu sur terre nous montre le chemin à prendre pour nous rapprocher de ce but. Certes c’est une Sagesse paradoxale qui prend d’étonnants détours pour faire de nous des enfants du Royaume (cf. 1 Corinthiens 2). Elle est « bigarrée » (Ephésiens 3,10), c.a.d. riche en nuances, à l’opposé des simplismes réducteurs. Mais finalement quelle sûreté ! Quelle maîtrise !
Jésus lui-même nous fait comprendre qu’il exerce avec nous le rôle de la Sagesse, dont on disait déjà qu’elle était présente quand deux ou trois disciples étaient réunis en son nom, – comme il le dira pour lui-même (Matthieu 18,20). Quand il se plaint de l’illogisme de ceux qui n’ont reconnu ni Jean-Baptiste, ni lui, critiqués tous les deux pour des raisons exactement opposées, il ajoute que, malgré tout, « la Sagesse a été justifiée par tous ses enfants » (Luc 7,35). Cette phrase mystérieuse doit vouloir dire que sa conduite paradoxale a été reconnue juste par ceux qui sont de vrais fils de la Sagesse, c.a.d. nous !