Les cieux disparaîtront avec fracas… la terre sera brulée
Que faut-il faire de ce qui nous parait malgré tout bien embarrassant dans les annonces des derniers temps que nous lisons pendant ce temps de l’Avent : catastrophes cosmiques, guerres mondiales, persécutions ? Nous avons apparemment le choix entre deux possibilités : ou bien nous relativisons tout cela en n’y voyant qu’un « langage », destiné à provoquer un sursaut et à nous inviter à la vigilance dans notre situation présente de chrétiens vivants dans le monde … Ou bien nous entrons dans le jeu des annonces catastrophiques qui sont généralement le fait des sectes et des mouvements fondamentalistes issus pour la plupart du protestantisme américain.
Tout en tirant effectivement des leçons morales et spirituelles de ces annonces (appel au détachement, à l’effort sur nous-mêmes pour plus de charité etc…), il semble difficile de s’en tenir là et de refuser toute réalité aux perspectives que nous trace la Sainte Ecriture. Car la force de renouvellement que contiennent ces prophéties tient précisément au fait que ce ne sont pas de simples présentations mythiques pour nous faire peur, mais bien la préfiguration d’évènements concrets, même s’ils s’enveloppent d’images convenues.
Ces descriptions mettent en jeu des annonces de divers types : il y a des malheurs qui sont déjà inhérents à notre histoire : guerres, tremblements de terre, éruptions volcaniques etc…. Déjà ces annonces ne sont pas à prendre à la légère, car, sans être la fin de tout, ces évènements manifestent la fragilité de notre monde et de notre vie sur terre et ils interviennent à des moments qui ne sont pas forcément fortuits : suite de nos bêtises, conséquence de nos péchés accumulés. Mais il y a surtout d’autres évènements sensés, eux, accompagner le moment décisif du Jugement dernier. Dans le genre, nous sommes gâtés avec la lecture de l’Apôtre Pierre, en ce 2e dimanche de l’Avent : « les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce qu’on a fait ici-bas, ne pourra y échapper ». Comprenons bien que cette destruction universelle est la condition du complet renouvellement de toute chose qu’annonce juste après l’Apôtre : « ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice ». Notre espérance n’est pas seulement un bonheur céleste, c’est une terre nouvelle que le Seigneur nous fait espérer, une terre où règnera la justice. Pour que ce ne soit pas un simple replâtrage de notre vieux monde, il y aura un passage radical, un goulot d’étranglement, où toutes choses seront repétries à neuf par les mains du Créateur. La nouveauté ne sera pas seulement morale, même si elle commence par-là (la conversion), elle sera physique, elle sera cosmique.
Osons cette espérance, c’est la seule qui est vraiment une nouveauté dans un monde qui se croit éternel !