Noël, fête du saint esprit
Étonnant, n’est-ce pas ? Oui, mais réfléchissons : chaque fois que nous proclamons le credo, nous disons : « conçu du Saint-Esprit, né de la Vierge Marie », c’est que l’Esprit a quelque chose à voir avec la constitution de la sainte humanité de Jésus, dont on fête ce jour-là l’apparition sur terre. De même qu’on fait honneur à la Vierge de cette naissance merveilleuse, on pourrait au moins donner un coup de chapeau au Seigneur Saint Esprit, auteur de la dite merveille !
Et puis, si nous prononçons le mot « Christ », il ne faut oublier le sens de ce terme : « oint », celui qui a reçu l’onction. L’onction de qui ? Du Saint Esprit ! Partout nous le rencontrons sur notre chemin l’Esprit, quand nous nous rapprochons de Jésus.
Certains auront peut-être du mal à intégrer cette pensée et se demanderont si on n’est pas en train de tout brouiller : quel est celui qui vient sur terre, le Fils ou l’Esprit ? Ce n’est quand même pas la même personne !
Réponse : Dieu-Amour agit comme il est, il est Père, Fils et Esprit et chacune des personnes agit inséparablement avec les deux autres dans toutes les œuvres divines, à commencer par l’Incarnation. Le Père envoie, le Fils reçoit cet envoi et l’exécute en s’impliquant personnellement dans l’aventure, le Saint Esprit prépare le terrain, pétrit l’humanité du Christ dans le sein de la Vierge Marie, l’inspire sans cesse et se laisse envoyer par lui à toute créature. Chacun agit selon son style.
Prenons un autre exemple : la Résurrection. Saint Paul nous annonce : « si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Rm 8,11). Là aussi nous voyons le rôle des trois : le Père qui a l’initiative, le Fils qui s’étant remis aux mains du Père bénéficie de la Résurrection et l’Esprit Saint qui, comme il l’avait fait en Marie, tisse le corps désormais glorieux du Sauveur.
Parfois, il est vrai, on simplifie et on ne parle que d’une personne sans détailler le jeu des trois. Mais c’est la même coopération qui est en jeu. Cela nous évite de voir dans cette œuvre commune trois actions séparées, c’est le même Dieu qui agit, pour notre plus grande joie.
Prenons l’habitude de donner à l’Esprit sa place, le Christ n’en sera pas du tout jaloux ! Il est intéressant de voir comment, dans les prières eucharistiques, en usage depuis le missel de 1969 (surtout la troisième), le Saint Esprit est fréquemment nommé : non seulement c’est de lui qu’on attend qu’il assure dans le cœur des baptisés toutes les grâces découlant de la Passion, mais c’est encore lui qui est mentionné comme l’agent du miracle de la Transsubstantiation.
L’Incarnation que nous fêtons, c’est la manifestation de l’Onction réalisée dès la conception : c’est là qu’affleure la grâce qui fait du fils de Marie le plus beau des enfants des hommes, celle qui va se répandre sur ses lèvres en paroles d’une infinie douceur, celle qu’il infusera dans le cœur de ses disciples…