15 août : la nouvelle Ève
La fête du 15 août nous apprend beaucoup de choses sur l’Au-delà, sur cette vie qui sera un jour la nôtre quand le Seigneur reviendra.
Elle nous montre d’abord que le temps, le temps qui marque si profondément notre condition humaine sur terre, ne sera pas complètement aboli au ciel. Certes il sera très différent de ce que nous expérimentons aujourd’hui, où le présent nous file entre les doigts sans que nous ne puissions rien en retenir, que des souvenirs destinés eux aussi à périr. Mais si l’Assomption de la Vierge Marie a un sens, c’est bien que Marie est en avance sur tout le monde (excepté son Fils) : son admission au ciel est survenue un jour de notre histoire sans attendre la parousie et sa béatitude anticipe la nôtre, c’est donc qu’il y a une succession, que note d’ailleurs saint Paul à propos du Christ quand il déclare : « tous recevront la vie, mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent ». Il y a des instants successifs. Notre bonheur éternel sera donc une accumulation de joies et non pas un instant immobile. « Nous irons, comme dit saint Grégoire de Nysse de commencement en commencement, jusqu’à des commencements qui n’auront pas de fin ».
Nous trouvons aussi dans la fête de l’Assomption une puissante lumières sur le sens de la distinction homme-femme. Jésus notre Sauveur représente parfaitement à lui seul l’humanité sauvée, pourquoi a-t-il voulu reproduire au ciel le couple originel, de manière à ce qu’il y ait, à côté du nouvel Adam, la nouvelle Ève ? N’est-ce pas une démonstration très parlante du fait que c’est le duo homme-femme qui constitue l’image de Dieu et non pas l’homme seul, comme nous le laisse déjà entendre la Genèse (1,27). Donc, loin de disparaître comme relatives seulement à la reproduction, la féminité et la masculinité sont promises à un bel avenir. Dans leur beauté retrouvée, elles marqueront la grandeur du projet de Dieu sur l’être humain.