Épiphanie
Le mot Épiphanie veut dire, comme on sait, « manifestation ». Si on parle de manifestation, c’est qu’il y a quelque chose (quelqu’un) à manifester, et qu’on s’interroge sur la façon dont il se montre, dont il se fait connaître. L’intérêt de la fête de l’Epiphanie, c’est qu’elle braque le projecteur sur la manière très particulière dont Dieu se manifeste aux hommes. « Tout est dans la manière », dit-on et Dieu a une manière bien à lui de se montrer. Une manière divine, en vérité. Il n’y a donc pas que le contenu qui soit divin (les vérités de la foi) avec autour une enveloppe plus ou moins sympathique qui permettrait de le présenter à l’extérieur, comme on emballe un bel objet dans un paquet cadeau. Non Dieu nous donne tout à la fois le cadeau et sa présentation. C’est cela qu’il nous faut apprendre en ce jour et que saint Paul nous explique dans le passage de l’Epitre aux Ephésiens que nous lisons aujourd’hui.
La « manière de Dieu », c’est de révéler divinement son secret (ce que l’Apôtre appelle son mystère). Puisque Dieu est en lui-même amour et relation, il se transmet par des relations d’amour. Pour cela, il commence à faire confiance à des hommes qu’il a choisis, puis il met en place une chaîne vivante de transmission qui part de son cœur et qui va rejoindre de proche en proche le plus éloigné de tous païens. Chaque maillon de la chaîne n’a d’autre raison d’être que de faire la passe et de transmettre ce qu’il a reçu, sans rien y rajouter de lui-même et sans rien déformer. L’Esprit saint qui veille sur cette succession garantit la transparence et assure que c’est bien le point de départ qui est présent à chaque étape du développement. La succession apostolique (car c’est d’elle que nous parlons) est le miracle permanent dont nous vivons.
L’épisode de la venue des Mages que nous associons par priorité à la fête de l’Epiphanie nous dit d’une autre façon qui est Dieu quand il se donne aux hommes. Il nous le montre à travers un récit haut en couleurs où nous voyons comment peuvent se rejoindre la figure du Dieu éternel et le constant désir qu’il a mis au cœur de tout homme de voir Dieu. D’abord un signe, un signe bien étrange, puisé au fond des plus antiques spéculations sur la nature, et puis des hommes qui se mettent en marche à cette lumière et qui vont rencontrer sur leur chemin le témoin (le moins crédible qui soit) de l’aventure d’Israël et qui malgré tout leur délivre le bon renseignement ; ils y vont et là va s’opérer la rencontre improbable : d’un côté les porteurs de la quête des hommes de tous les temps et de tous les lieux, de l’autre le petit être en qui se concentre l’ultime avance de Dieu vers les hommes. Bonheur ! Lumière !