Frères, les dons de la grâce sont variés
Les « dons de la grâce » pourraient se traduire aussi bien par « charismes ». Paul les distingue des « services » plutôt attribués au Christ (le Seigneur) et des « activités » (plutôt du ressort de Dieu, c.a.d. du Père), tandis que les « dons de la grâce » sont référés à l’Esprit Saint, ils ont pour but de « manifester l’Esprit ». C’est lui, ce divin Esprit, qui distribue entre les membres de l’assemblée chrétienne des paroles de sagesse ou de connaissance, un don de foi, des dons de guérison, le don des miracles, celui de prophétiser, de discerner les inspirations, de parler diverses langues mystérieuses (de « parler en langue »), ou de les interpréter.
Le « Renouveau charismatique » apparu en France et dans le monde entier après 1968, sous l’influence des mouvements pentecôtistes des Etats Unis, nous a habitués à ces manifestations, plus ou moins spectaculaires, qui surviennent au sein des assemblées de prière et qui traduisent incontestablement le dynamisme de l’Esprit. Notons cependant qu’à part les deux derniers de ces charismes (le parler en langues et l’interprétation), la liste que donne saint Paul est plus large et que la plupart des dons énumérés n’ont jamais vraiment cessé de se manifester dans le corps de l’Eglise : les guérisons miraculeuses, le prophétisme (si on entend par là la lecture surnaturelle des signes que Dieu donne), les paroles de sagesse et de connaissance, sans compter évidemment la foi vive et ardente des âmes éprise de Dieu.
Ce qui est en jeu dans le charismatisme pris au sens large, c’est la conscience que le « Royaume de Dieu » est vraiment là parmi nous et que l’extraordinaire, l’inouï, n’est pas réservé au temps de fondation de l’Eglise. Sans doute l’Esprit Saint agit-il le plus souvent dans ces médiations discrètes que sont les sacrements et dans le secret des âmes, mais il lui plaît aussi de manifester la puissance du Ressuscité par des œuvres bouleversantes qui réveillent le Peuple de Dieu endormi. Jésus nous a trop dit que rien n’est impossible à Dieu et qu’il faut tout demander, pour que nous cultivions par principe la résignation. Le retour du Christ n’est pas seulement un article de foi pour le futur, nous vivons cet avènement de façon anticipée à chaque fois que la communauté vit une étape forte de son histoire, comme à chaque fois que nous-même entrons plus avant dans la ressemblance avec le Maître.
C’est un grand malheur si les croyants se sont habitués à perdre le sens de l’irruption possible, ici et maintenant, de l’Esprit Saint. C’est là que d’autres espoirs, beaucoup plus terrestres, mais aussi bien plus incertains, ont pris dans leur cœur la place de l’espérance chrétienne : ils se sont mis à croire au Progrès, à la Science, et à mille autres biens de pacotille, alors que l’Esprit Saint frappait à leur porte !