Tu as révélé cela aux tout petits
C’est quoi, cela que Dieu a caché aux sages et aux savants et que, par contre, il a révélé aux tout-petits par l’entremise de son Fils ? Un projet révolutionnaire qui bouleversera la société ? Une nouvelle étoile dans le ciel ? Non pas : l’être le plus intime de Dieu. Car « nul ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler ».
Comprenons bien, Jésus n’est pas en train de nous apprendre simplement que Dieu est le Père des hommes. Il y a fort longtemps que la chose était connue. On en a bien des exemples dans l’Ancien Testament (psaume 67 (68), 6 ; psaume 102 (103), 13 ; Osée 11,1 etc…). Et les païens eux-mêmes disaient de leur dieu principal qu’il était « le père des dieux et des hommes ». D’ailleurs c’est de là que vient le nom de Jupiter: Ju (équivalent de Zeus) – pater. Il est assez normal d’imaginer la divinité comme l’ancêtre de la race humaine.
Ce n’est pas de cela que le Christ nous entretient : « nul ne connaît le Fils, sinon le Père ». Ce que nous découvrons à son contact, c’est qu’en Dieu, il y a un Père et un Fils, deux êtres aussi mystérieux l’un que l’autre, qui préexistent à la création. Et il y a donc en Dieu une relation, qui est une relation d’amour, comme entre un père et un fils. Ça c’est original ! Au sommet de l’être, dans l’indicible secret de l’être divin, il y a de l’amour. Dieu est amour ! Il ne l’est pas devenu, quand il s’est mis à créer le ciel et la terre. C’est l’inverse, c’est parce que le Père était en lui-même l’amour et la source de l’amour qu’il l’a fait déborder comme en dehors de la divinité et c’est ce que nous appelons la création.
Si nous nous étonnons de ne pas voir mentionner le troisième qui est le nœud de leur amour, leur mutuel embrassement, le Saint Esprit, rappelons-nous que lorsque saint Luc rapporte ces mêmes propos de Jésus (10,21), il nous dit que celui-ci « tressaille de joie dans l’Esprit Saint ». Pour nous parler justement de la relation du Père et du Fils, il faut l’ivresse de l’Esprit. L’Esprit ne s’ajoute pas aux deux autres, il nous donne le moyen d’entrer dans leur intimité, car il est éternellement avec eux.
Mais est-ce que ces hautes pensées sont accessibles aux tout petits ? Oui, bien plus que nous ne pouvons le penser. Ceux qui, dans l’histoire, se sont opposés à la foi trinitaire étaient en général des doctes et des puissants qui, au nom de l’absolu divin, ne pouvaient admettre en Dieu aucune pluralité, alors que les petits, eux, savaient que Jésus était Dieu comme son Père, qu’il avait toujours existé et qu’il les ferait entrer un jour dans son intimité. Et telle est la bonne nouvelle : en nous faisant connaître le Père, Jésus nous révèle que notre salut sera une adoption, un acte définitif par lequel le Père prendra charge de nous et nous associera à la vie de son Fils premier né. Le ciel n’est pas une retraite dorée pour les bons serviteurs de l’Eternel, mais l’entrée dans la famille même de Dieu.
Que nous a apporté le Christ en venant sur terre ? Avant toute chose : la connaissance et l’amour du vrai Dieu !