Mes chemins ne sont pas vos chemins, mes pensées ne sont pas les vôtres !
Il faut l’entendre. Et cesser de soumettre Dieu à notre logique, lui demandant des comptes qu’il n’a pas à fournir. Après tout, c’est lui qui nous a créés et il sait mieux que nous comment fonctionne son œuvre et pourquoi il l’a faite ainsi.
Pourtant cette réponse ne nous satisfait pas totalement. Il y a des cas où Dieu s’explique avec les hommes. Avec Abraham qui conteste au nom de la justice sa sentence sur Sodome, il accepte de discuter et il est prêt à remettre en cause son arrêt, si celui-ci trouve au moins dix justes dans la ville. Job prend littéralement Dieu à partie et ne se satisfait pas des explications à trois sous que fournissent ses prétendus amis. Le Seigneur, il est vrai, reprend Job à la fin et lui reproche de juger sans savoir réellement le fond des choses. Mais on voit bien qu’il n’est pas fâché de voir le désir têtu dont Job a fait preuve pour comprendre l’innocence de Dieu. Et il lui laisse entrevoir, à la fin, quelque chose de sa Gloire.
Dieu a fait l’homme à son image et ceci s’applique aussi à son intelligence. Même si celle de Dieu nous dépasse immensément, il a mis en nous une capacité de réfléchir, de juger, de lier ensemble un sujet et un attribut dans une proposition qui a l’ambition d’être vraie. Notre « logique » découle du Logos divin, du Verbe éternel. S’il s’est manifesté dans la création, s’il a parlé à Moïse sur le Mont Sinaï, s’il s’est révélé en perfection dans son Fils fait chair, c’est bien parce qu’il y a quelque chose de lui en nous qui nous permet de comprendre le message. S’il avait voulu que nous restions de notre côté et lui du sien, il ne nous aurait pas parlé comme il l’a fait.
Certes cette compréhension n’est pas facile. Elle n’est déjà pas aisée entre deux êtres humains bien disposés, alors quand c’est la faible créature humaine, pécheresse de surcroît, qui se trouve face au mystère du Tout Puissant et qui cherche à comprendre la logique de ses interventions, on peut comprendre qu’elle ait du mal et que souvent elle se méprenne. C’est qu’en réalité, c’est tout un chemin qu’il faut suivre. Nous n’avons pas à entrer de force dans le domaine de Dieu, mais à apprendre pas à pas à comprendre ce qui nous dépasse, à son contact. « Dieu seul parle bien de Dieu », commençons par l’écouter dans la Sainte Ecriture. Ne nous laissons pas rebuter par ce qui nous dépasse ou nous choque, ne croyons pas trop vite que nous avons la clef, acceptons qu’il y a ait des aspects différents que nous ne savons pas tenir ensemble. Ne morcelons pas la figure qui ne se révèle qu’à la fin, dans la totalité, comme avec un puzzle. Surtout, faisons confiance, croyons qu’il y a là une plénitude de sens qui nous est donnée, qui nous précède et qui nous attend, une plénitude qui débordera toujours notre compréhension, mais qui se donnera réellement dans chaque rayon de lumière que nous aurons perçu.
Savoir que nous ne savons pas tout est déjà une richesse. Mais allons un peu plus loin et apprenons à connaître. En aimant.