Une si belle attente
Si tu déchirais les cieux, si tu descendais !
les montagnes seraient ébranlées devant ta face.
Voilà bien le souhait que nous pourrions tous formuler : si seulement Dieu voulait bien sortir de son splendide isolement, venir voir ce qui se passe sur terre ! Il verrait où nous en sommes et comme il est difficile de suivre le chemin droit qu’il nous a tracé, dans les circonstances présentes.
Mais écoutons la suite :
Voici que tu es descendu :
les montagnes furent ébranlées devant ta face.
Jamais on n’a entendu,
jamais on n’a ouï dire,
nul œil n’a jamais vu un autre dieu que toi
agir ainsi pour celui qui l’attend.
Eh oui ! Notre souhait a été exaucé ! Dieu est venu sur terre, nous allons entendre la nouvelle dans moins de quatre semaines : « un Enfant nous est né un Fils nous est donné ! ». Il est venu en personne, il n’est pas passé par un messager, un prophète ou un ambassadeur. Il ne nous a pas non plus envoyé un livre pour nous expliquer ce qu’il fallait faire. Il est venu en personne. Et ne dites pas qu’il n’a pas connu notre condition. Il est né dans un monde déchiré, au hasard d’un déplacement, dans des locaux de fortune. C’est le monde, tel qu’il est hier et aujourd’hui. Que nous faut de plus ?
Ce qu’il nous faut ? Mais ce serait que ça recommence comme cela tous les jours. Justement, il y a pensé : il nous a laissé son Corps et son Esprit. Chaque jour, à la messe, les cieux se déchirent, car il a trouvé un moyen incroyable, un moyen bien à lui, de nous donner les fruits de sa venue et mieux encore de nous donner sa venue elle-même. Bien caché dans l’hostie, accessible seulement au cœur qui a compris ses manières de faire, il est là, présent, offert, tout petit.
Il a voulu nous donner aussi part à son Esprit, le grand spécialiste des relations, celui qui unit le Père et le Fils de toute éternité dans un même embrassement. Avec le Seigneur Saint Esprit, chaque instant de la vie du Christ devient notre bien propre que nous pouvons savourer. Et puis nous ne répétons pas le passé, c’est le passé qui vient à nous. Chaque rencontre a la fraîcheur de la première fois.
Au fond il n’y a qu’une tristesse, c’est d’avoir oublié tout cela et d’avancer dans la vie amers et déçus, comme si rien ne s’était passé. L’Avent est là pour nous secouer un peu et nous redire notre attente nécessaire pour que nous sachions goûter le don qui nous sera fait.