Lève les yeux alentour, et regarde
Je conseille à tous ceux qui ont une bible ou un missel chez eux de relire avant dimanche, où nous fêtons l’Epiphanie du Seigneur, le texte d’Isaïe chap. 60, versets 1-6, qui nous est proposé en première lecture de la messe. Je serais surpris qu’on ne soit pas frappé de la grandeur de cette vision qui embrasse la terre entière et met peu à peu au centre la Ville sainte, où se lève une lumière très douce qui va rejoindre peu à peu les limites du paysage. Quelle majesté, quelle sureté dans le trait qui fait voir chaque détail en relation avec le centre !
Au commencement était la lumière, le christianisme n’est pas la religion de l’ombre. Nous ne cultivons pas le secret par principe. Dieu parle clairement pour se faire entendre de ses enfants. Ce sont ceux-ci qui compliquent tout et voient un problème là où éclate la Bonté du Créateur. Sans doute faut-il une certaine pédagogie pour accéder à cette lumière, on doit parfois se laisser guider pour aller au-delà des apparences. Jésus a pu dire « heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Mais, si personne n’avait rien vu, personne non plus ne croirait. « Dieu n’a pas dit “cherchez-moi dans le vide !” » (Isaïe 45,19 encore lui !).
L’Epiphanie veut dire « manifestation », c.a.d. que Dieu en Jésus, s’est manifesté, il a pris visage d’homme pour être vu des hommes. Et il a laissé ensuite une trace si marquée sur la surface de la terre, que nous pouvons le suivre sans crainte de nous égarer. N’ayons pas peur de cette lumière qui déborde et se manifeste dans la sureté de l’enseignement de l’Eglise, dans la beauté de sa liturgie, dans la cohorte de ses saints, dans la variété presque infinie des vocations chrétiennes. N’ayons pas peur que la mariée soit trop belle…
Et même le mal qui s’attache à tout ce que Dieu fait de beau sur terre et cherche à le défigurer apporte malgré lui un témoignage à la lumière. Pour tant s’acharner sur les ministres de la miséricorde divine, il faut croire qu’il y a là un bien grand défi jeté à la face du démon. Pour discréditer à ce point l’enseignement de l’Eglise, multiplier, de génération en génération, les contrefaçons et les caricatures, il faut croire que la lumière qui y est déposée était bien tenace et résistait victorieusement à toutes ces contestations.
L’Epiphanie n’est pas une lumière facile, elle nous provoque à être « simples comme les colombes et rusés comme les serpents ». Comprendre la cohérence des pensées divines suppose que nous balayons la paresse des idées toutes faites, que nous nous laissions encore et encore former par la Vérité, une vérité toujours plus grande qui se donne à nous à travers la Révélation. Et puis, n’oublions pas ! il faut que nous cultivions le silence pour la laisser germer en nous.
C’est là les yeux fixés sur l’Hostie, ou sur une icône de la Mère de Dieu, que nous entrerons nous-mêmes à notre tour dans cette Lumière.
Bonne fête de l’Epiphanie !