Pâques, qu’as-tu a m’apprendre ?
La fin de l’éternel retour !
Le penseur germanique, Friedrich Nietzsche est connu comme le théoricien de l’« éternel retour », pour lui, c’était une certitude qui s’imposait : ce qui existe aujourd’hui se reproduira demain, mais nous ne serons plus là pour le voir. Il croyait même que c’était une vérité scientifique (et là, la découverte du Big Bang lui a apporté un sérieux démenti). Ce faisant, il était logique avec son athéisme, car de deux choses l’une : ou bien le monde est clos et il se répète, ou bien il est ouvert à la nouveauté, parce que Dieu l’a créé et qu’il a un projet sur lui. D’un côté, la roue du Karma, comme disent nos amis hindous ; de l’autre, le regard tourné vers l’Orient, comme nos églises. C’est un choix.
Mais aujourd’hui, jour de Pâques, c’est un fait qui s’impose à nous : Jésus est ressuscité. Et la Résurrection, c’est ce qu’on n’attendait pas. Même les disciples, quand Jésus leur en a parlé, ne comprenaient pas ce que voulait dire ce mot : ressusciter. Ce qui se présente à l’esprit de tout un chacun, quand on pense à l’après-mort, c’est ou bien le néant complet ou bien le retour cyclique de ce qui reste après la mort du corps et qu’on appelle l’âme. La première hypothèse n’est pas naturelle, elle heurte confusément en nous l’idée que notre humanité transcende le monde matériel et qu’elle n’est pas faite pour disparaître comme cela. C’est pourquoi toutes les cultures, toutes les civilisations ont imaginé « quelque chose » pour prolonger la vie de l’être qui vient de mourir. Beaucoup plus logique et (apparemment) satisfaisante est la vision de la « métempsychose », la survie de l’âme dans des corps chaque fois différents. Avec cette transmigration, rien n’est irréversible, rien ne disparait, tout continue autrement, on peut essuyer le tableau et recommencer à l’infini. Même des marxistes bon ton s’y sont laissé prendre, car cette vision est quand même plus réconfortante que l’attente du grand soir, vu que celui-ci laissera pas mal de déchets aux « poubelles de l’histoire »…
Mais elle est fausse bien sûr, elle fait fi de ce qui est le plus profond et le plus mystérieux en nous qui est notre corps, celui-ci est tout, sauf cette vile défroque qu’on laisserait au vestiaire, il adhère à notre « âme », il l’exprime, il lui permet de s’inscrire dans le cosmos et la société des hommes, Dieu n’a pas eu honte de s’en revêtir.
La Résurrection n’est pas la conclusion d’un raisonnement, elle s’impose à nous parce qu’elle s’est produite une fois pour toute dans le champ de l’histoire humaine. Depuis plus de deux mille ans on n’arrive pas à se défaire de cet évènement atypique, attesté par des témoins dignes de foi et qui reste la seule explication plausible de l’essor de l’Eglise chrétienne. N’importe quel fait qui jouirait d’une telle confirmation serait tout de suite admis comme historique, mais parce que celui-là remet en cause tous nos apriori, il n’a droit pour l’instant qu’à rejoindre le domaine des mythes.
Ce n’est pas la foi qui, à défaut d’attestation, fait croire au miracle, c’est parce qu’on a la foi qu’on ose s’aventurer dans l’inouï de Dieu et qu’on reconnait alors sans peine sa marque dans la Résurrection complète, charnelle, de Jésus de Nazareth.
Bonne fête de Pâques.