D’où viennent les guerres ?
Saint Jacques pose clairement la question qui nous vient si souvent à l’esprit quand nous ouvrons le journal et que nous voyons qu’on se bat encore dans tel ou tel coin du globe. La réponse de l’Apôtre mérite d’être entendue : « N’est-ce pas justement (qu’elles viennent) de tous ces désirs qui mènent leur combat en vous-mêmes ? »
On savait déjà que les conflits internationaux sont sur le modèle de nos affrontements mutuels, puisqu’ils reflètent à grande échelle les incompréhensions, les réactions de l’amour propre blessé, la peur de manquer l’occasion, etc.… et mille autres faiblesses qui nous sont familières. Mais Jacques va plus loin quand il nous révèle que nos affrontements petits ou grands découlent d’abord de notre désordre intérieur. Ces « désirs » dont parle l’Apôtre et qui se livrent des combats dans notre cœur, ce sont les convoitises déréglées, qui nous font esclaves tour à tour de l’argent, du plaisir, du confort, de l’orgueil etc. N’ayant pas ce que nous voulons, nous faisons la guerre. Et si nous ne le trouvons pas chez nous, nous allons le conquérir chez le voisin.
Mais ce n’est pas le désir qui est mauvais, car si nous étions sans désir, c’est que nous serions déjà morts. Le malheur qu’il faut déplorer, c’est qu’il n’y a pas de hiérarchie entre nos désirs et que ne règne pas au sommet le désir du Bien, du Bien suprême qui est Dieu et qui seul peut répondre à notre attente fondamentale du bonheur. Autour de lui pourraient s’organiser nos attentes légitimes (corporelles, relationnelles, etc.…), dont aucune n’est absolue et qui doivent donc laisser de la place pour d’autres aspects de notre être, mais qui en elles-mêmes sont bonnes, quand elles restent dans des limites raisonnables. Notre harmonie intérieure suppose donc un ajustement de nos différents appétits autour de la quête fondamentale de l’amour de Dieu. Un cœur pacifié par la prière et le sacrifice a beaucoup moins de chances de s’emporter contre les autres et de vouloir les réduire en esclavage !
C’est cela qu’il nous faut souhaiter pour nous-mêmes et pour les tous les hommes. Il n’est pas vrai de dire que la foi est sans effets sur les comportements collectifs. Sans doute des peuples qui avaient été évangélisés depuis des siècles ont-ils donné de tristes exemples de violences injustes ou de concessions coupables à l’air du temps et à la facilité des mœurs. Mais il ne faut pas oublier qu’il y a eu souvent des reprises, des mouvements de réforme et des appels à la conversion qui ont changé, sinon les mœurs, au moins la bonne conscience de ceux qui se livraient à des actes répréhensibles. Et puis, autour de certains saints, on a vu se constituer comme une oasis de paix et de beauté morale qui ont marqué les esprits.
Mais, pour que cette influence joue, encore faut-il qu’il y ait des chrétiens nombreux, fervents, dynamiques, intelligents, qui inspirent ce monde.