La liberté ou la mort
Depuis Moïse au Sinaï, l’Écriture ne cesse pas de nous mettre en face d’un choix radical : la fidélité ou l’infidélité, la vie ou la mort. C’est ce qu’on appelle le thème des « deux voies ». Le passage du Siracide que nous entendons ce dimanche s’ajoute à la liste : « Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères. La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix ».
Nous avons du mal à nous croire libres, si le choix est posé en ces termes : la fidélité à Dieu ou la mort. Nous avons un peu l’impression qu’il n’y a en fait qu’une seule issue et que nous sommes obligés d’y passer, même si ça ne nous plaît pas. Tel un brigand qui nous prendrait pas surprise et exigerait notre portefeuille sous peine de nous tirer deux balles dans la tête. Dieu est-il comme cela ?
Ce qui fait la différence, c’est que l’obéissance que Dieu demande n’est pas à son profit, mais au nôtre. L’argent qu’exige le forban nous est soustrait et nous ne le reverrons pas. Le service de Dieu est notre véritable accomplissement, il coïncide avec la destination même de notre être qui a été « fait pour Dieu ». En le voulant, en en faisant un choix personnel, nous allons dans le sens de la vie et du bonheur, tandis qu’en nous en éloignant, nous laissons se dégrader notre humanité.
Mais certains diront : « si c’est le cas, pourquoi cette mise en scène ? Pourquoi ces menaces ? Un simple rappel devrait suffire ! ». Tout le problème est là : c’est que ce choix qui devrait être naturel ne l’est plus. Trop de biens partiels et limités ont pris dans notre cœur une place démesurée pour que nous ayons spontanément la conscience du grand Bien qui nous est promis en Dieu. Il paraît vague et lointain, voire inexistant. Mille choses pourtant devraient nous rappeler que notre vie est suspendue à l’amour de Dieu, mais on oublie, on cherche son petit bonheur à l’échelle du présent… et on est déçu.
C’est là que le Seigneur hausse un peu la voix et nous dit : « c’est le moment de choisir ce que vous voulez. Vous êtes en train de tout gâcher. Alors prenez un parti, soulevez-vous, faites une retraite, allez vous confesser, demandez pardon, réconciliez-vous… Vous avez de la chance le Carême approche ! ». Choisissez la vie.
Choisissez la liberté. Nous avons déjà eu l’occasion, dans ces « échos », de méditer sur la liberté qui n’est pas l’absence de sollicitation extérieure, le laisser-faire (rappelons-nous Marie à l’Annonciation !), mais c’est la possibilité de choisir le bien. La liberté ne se réserve pas, elle se donne et elle grandit dans ce don.