Bien plus qu’un prophète
Jean Baptiste joue pour nous un rôle proprement unique. Il n’est pas un disciple de Jésus, il en est le « Précurseur ». Il vient avant la révélation du Christ, mais tout ce qu’il est, tout ce qu’il dit est référé à lui. Il est plus qu’un prophète et pas encore un apôtre. Le futur pour lui se résume à très peu de choses : Jésus est déjà là au bout de la route !
Il nous apprend qu’on n’a jamais Jésus derrière soi. Même quand on naît vingt et un siècles après, Jésus est encore à venir. On ne part pas du Christ, on y arrive.
Jean-Baptiste est le meilleur remède contre toutes les formes d’installation. Il nous dit que nous ne sommes pas encore arrivés. De tout ce que nous avons du Christ : sa parole, ses sacrements, son Eglise, rien n’est un acquis sur lequel nous nous pourrions nous appuyer mollement, ce sont des bribes de ce que Dieu nous réserve et nous en sommes encore si peu dignes ! Nous savons à peine nous servir de ses dons, nous risquons sans cesse de passer à côté des richesses débordantes qui nous sont imparties. Pour un peu, nous ferions de la liturgie un jeu entre nous pour nous exprimer, des dogmes une construction de l’esprit à géométrie variable, de nos communautés le champ clos de nos intérêts. C’est là que nous vient la tentation de vouloir réformer adapter, etc… au lieu de recevoir, avec un infini respect, ce que Dieu nous donne pour maintenant.
Si nous sommes avant le Christ, avec Jean-Baptiste, nous en sommes aussi tout proches. C’est même ainsi que nous en restons proches : parce que nous lui laissons de quoi nous surprendre. Parce que nous n’avons pas mis un système au lieu et place de la foi, nous ne sommes pas près de nous ennuyer en sa compagnie, comme on finit par se lasser de tout ce que nous avons domestiqué, ramené à nos mesures.
Nous pouvons aussi, comme Jean-Baptiste, diriger vers lui les cœurs avides qui ne souhaitent qu’une chose : faire sa connaissance. Comme il n’est pas notre propriété et que nous débutons à peine dans l’art de l’aimer, nous comprenons tout suite ceux qui cherchent, car nous aussi nous le cherchons. Et nous nous émerveillerons de voir comment il sait attirer à lui les âmes, faire marcher les perclus et entendre les sourds. Nous l’entendrons proclamer la bonne nouvelle aux pauvres et nous nous rangerons parmi eux.
La jeunesse de notre christianisme passe par Jean-Baptiste.