Comme des enfants nouveau-nés
On a longtemps désigné le deuxième dimanche de Pâques (qu’on appelle plus volontiers aujourd’hui « dimanche de la Miséricorde ») comme le dimanche de Quasimodo. Ce terme d’allure mystérieuse était tout simplement le premier mot de l’Introït de la messe. Le texte qui commence ainsi appartient à la 1re lettre de Pierre (2,2-3) qui se poursuit de la façon suivante : « comme des enfants nouveau-nés, soyez avides du lait non dénaturé de la Parole qui vous fera grandir pour arriver au salut, puisque vous avez goûté combien le Seigneur est bon »
L’Eglise a vivement conscience d’avoir, avec la fête de Pâques, mis au monde de nouveaux enfants, mais il ne suffit pas de leur avoir donné le jour, il faut les nourrir pour qu’ils grandissent et c’est là qu’intervient le lait maternel dont il est question ici. Ce lait « non dénaturé » de la Parole, c’est l’Eglise qui le dispense à ses enfants nouveau-nés, et il a un goût bien particulier qu’on n’oublie pas quand on y a une fois bu : le goût des choses de Dieu !
On est toujours aussi déconcerté quand on rencontre des gens qui nous disent tranquillement qu’ils sont catholiques, mais ajoutent aussitôt qu’ils sont « non-pratiquants », comme si c’était une variété dans l’ensemble. Ils sont baptisés, mais – que voulez-vous ?- ils ont autre chose à faire que d’aller à la messe le dimanche matin pour écouter un sermon ennuyeux, après une semaine fatigante. N’auraient-ils pas goûté de ce lait si merveilleux que leur offre l’Eglise ?
Pauvres enfants dont la croissance s’est arrêtée, non pas seulement faute de sacrements, mais aussi faute de cette instruction régulière qui est absolument nécessaire quand on veut persévérer dans la foi. Comment continuer à jouer sa vie sur Jésus ressuscité, si on ne donne pas un contenu vivant aux affirmations du credo ? A longueur de journée, d’autres visions du monde et de la vie nous sont proposées, et parfois avec beaucoup de vigueur et d’intelligence, et nous resterions attachés à la lumière que le Christ a portée au monde, sans rien pour l’actualiser ? Ce serait plus qu’un miracle !
Au moment du concile de Trente au XVIe siècle, l’Eglise s’est ressaisie, face aux critiques de la Réforme protestante et elle a compris qu’il ne suffisait même pas de la messe dominicale pour garder les brebis dans le bercail, qu’il fallait en outre une instruction d’égale longueur pour tous les fidèles. Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Les « homélies » sont souvent tout sauf une instruction systématique et cohérente sur les vérités de la foi et de la morale chrétiennes. On les juge toujours trop longues et parfois malheureusement c’est vrai dès le début… Par contre j’ai entendu en Afrique un sermon d’une heure et quart sous un soleil de plomb où personne en bougeait et où j’ai pour ma part beaucoup appris.
Nous avons tous besoin du lait de la Parole, un lait non frelaté qui nous fera grandir, cherchons les lieux et les moyens où nous pourrons le trouver. Sans oublier de compléter cela par notre lecture personnelle, notre étude et notre prière.