Il nous donne part à son Esprit
Telle est la bonne nouvelle que nous donne saint Jean et que nous recevons avec joie en cette « neuvaine du Saint Esprit » qui nous prépare à la fête de la Sainte Pentecôte. Cette « part » nous prouve que nous sommes bien intégrés dans la vie de Dieu, puisque l’Esprit est la vie intérieure de Dieu, il est l’Esprit du Père et du Fils, il est leur « nœud d’Amour ». Dieu ne peut rien nous donner qui soit plus intime, plus lié à son être !
Et que fait-il de si fort en nous, cet Esprit, que nous en soyons pénétrés et que cela atteste notre union avec Dieu?
Dans une bénédiction solennelle que le Missel propose pour le deuxième dimanche de Pâques, il y a cette formule que j’aime beaucoup : « En vous reprenant ainsi en son Fils (par la Résurrection), Dieu vous a offert sa propre liberté : qu’il vous donne part (encore ce mot !) à sa vie éternelle ». Tout est dit dans cette phrase. Dieu nous reprend ! Pas seulement comme le père de l’enfant prodigue reprend son enfant dans ses bras, il nous reprend comme on reprend une construction inachevée et branlante, à partir des fondations. Il réinjecte en nous sa vie. Et il nous donne quoi ? de la force ? du courage ? des dons surnaturels ? Non, mieux que cela : sa propre liberté ! Nous avons fait un mauvais usage de la nôtre, celle que Dieu nous avait impartie en nous créant et tout le malheur vient de là. Mais ce mauvais usage n’est pas seulement à voir dans nos choix désastreux. Il vient du fait que nous n’avons pas voulu user vraiment de notre liberté, que nous nous sommes simplement laissés griser par un sentiment d’indépendance, alors qu’en réalité nous avons obéi, sans nous en rendre compte, à des suggestions qui ne venaient pas de nous : nous nous sommes laissés prendre par la facilité, le clinquant, l’habitude, et ainsi nous avons perdu peu à peu le contrôle de nous-même et la possibilité de faire de notre vie un vrai don. A la fin, notre liberté a été si faible que nous n’avons plus eu que la possibilité d’avancer tête baissée vers l’issue fatale, la déchéance, le désespoir et la mort…
Or, qu’a fait Jésus pour nous « sauver » (car c’est cela le salut et pas autre chose) ? Il a assumé, en venant chez nous, sur terre une vraie liberté d’homme. Mais, comme il était le Fils, cette liberté a été prise au feu de l’amour, elle a été tissée en lui par l’Esprit Saint et, l’heure venue, elle a pu s’exercer en vérité dans le don de lui-même, l’obéissance vraie, la confiance, la solidarité avec ses frères en humanité. Même devant la pression terrible qu’exerçait la souffrance, elle s’est élevée d’un coup, pure et droite, dans un acte imperceptible d’acquiescement à la volonté paternelle : « Père, s’il est possible que ce calice s’éloigne de moi, … cependant non pas ma volonté, mais la tienne ! » et c’est là que tout a changé.
Reste à saisir cette liberté, à la faire nôtre et c‘est ce qui se passe quand le baptême implante dans notre cœur le goutte-à-goutte par lequel Dieu va commencer à transfuser notre cœur malade. Nous retrouvons en lui le goût d’être libre, d’agir dans la lumière, de ne pas nous donner à moitié. Bref d’aimer.
Merci, Saint Esprit, merci Jésus, merci notre Papa du ciel !