Tenons ferme dans l’affirmation de notre foi
Rappelons-nous que l’Epître aux Hébreux était selon toute vraisemblance destinée à des chrétiens d’origine juive qui, après s’être convertis au Christ dans l’enthousiasme et être entrés dans l’Eglise, commençaient à se décourager en voyant s’allonger le temps de l’attente avant la venue du Seigneur, avec déjà pas mal de persécutions en vue. Alors ils étaient tentés de manquer la messe du dimanche (que de toute façon ils trouvaient moins glorieuse que les cérémonies du Temple de Jérusalem), certains s’éloignaient déjà sur la pointe des pieds, comme beaucoup de nos contemporains. Que leur dit l’Apôtre (on a longtemps cru que c’était Paul, on pencherait plutôt aujourd’hui du côté d’Apollos ou de Barnabé, mais qu’importe !) ? Nous avons en Jésus le grand Prêtre par excellence ! Celui qui se tient devant Dieu pour intercéder en notre faveur, pour porter remède à notre péché, ce n’est pas le fantoche qui a succédé à Caïphe dans le souverain pontificat, c’est Jésus ! Et nous l’avons ! Par notre foi, nous encaissons le bienfait de son œuvre de salut, nous sommes riches de ses mérites, auréolés de son triomphe sur la mort et le péché. Ce n’est pas une théorie, c’est un fait. Déjà ce fait est agissant, puisqu’une première victoire a été enregistrée sur la mort : la Résurrection. Bientôt la prise de Jérusalem par les romains et la destruction du Temple apporteront une confirmation tragique aux paroles de Jésus…
La même lettre aux Hébreux (11,1) nous dit que la foi est « la substance des choses qu’on espère ». C’est elle (la foi) qui nous apporte le sérieux, la solidité sur laquelle bâtir notre espérance. Elle est d’abord foi au Dieu créateur, qui nous donne un monde à habiter. Ce n’est pas du rêve, la terre sur laquelle nous marchons, le ciel au-dessus de notre tête et tous les êtres qui peuplent cet univers, c’est notre Père du ciel qui nous a donné tout cela. Eh bien, la salut est chose aussi réelle, aussi solide, qui a pris place en un point du temps et de l’espace et rayonne maintenant dans toutes les directions.
Parfois, quand on encourage une personne dans l’épreuve et qu’on essaie de lui montrer la place qu’elle occupe dans le cœur de Dieu, la couronne qu’elle se prépare dans le ciel, il n’est pas rare qu’elle réponde tristement : « je veux bien le croire dans la foi, mais dans la réalité ce n’est pas cela ! » Pourtant c’est la foi qui est réelle, parce qu’elle se fonde sur la parole de quelqu’un qui a fait ses preuves et qui nous aime. Ce que nous prenons pour « la réalité », parce que ça se voit, peut changer du tout au tout en moins d’un quart d’heure, tandis que Dieu a de la suite dans les idées, et qu’il ne laissera pas inachevé ce qu’il a commencé avec nous. L’Epître aux Hébreux ajoute une autre raison : Jésus est passé par là, il a connu l’épreuve tout comme nous, mais il ne s’est à aucun moment séparé de son Père. Il a ouvert la voie. A nous de nous engouffrer par la brèche !