Pour ressusciter il faut mourir !
Au début du Carême, il nous est rappelé que nous naissons deux fois : une fois de la naissance de la chair, une autre fois de la grâce. C’est ce qui est arrivé à Noé qui, après le Déluge, a commencé une vie nouvelle avec l’alliance conclue par Dieu. C’est ce qui arrivera à Abraham avec la circoncision et l’alliance dont elle est le signe (Genèse 17). C’est ce qui nous a été donné à nous aussi avec le baptême. Saint Pierre évoque ce parallèle dans la lecture de ce jour, « quand Noé construisit l’arche, un petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvées à travers l’eau. C’était une figure du baptême ».
Mais la nouvelle naissance ne se réalise pas sans un passage qui ressemble à une mort : le Déluge pour Noé, et, pour Abraham, l’effusion de sang qui accompagne la circoncision. Bref, pour ressusciter il faut mourir. Tout notre Carême est là : nous ressusciterons avec Jésus que si nous mourrons avec lui et en lui. Bien sûr, notre « mort »à nous sera décisoire à côté de la sienne, mais il faut quand même qu’elle soit sérieuse : nous voulons vraiment mourir à nous-mêmes, à notre égoïsme, à notre volonté de puissance, à notre sensualité. Pensons dès à présent à des exercices d’application.
Mais nous avons aussi à mourir en lui, c.a.d. porter le Crucifié dans notre cœur, dans notre attention dans notre sensibilité. Ne méprisons pas le riche héritage que nous a laissé la dévotion de nos pères pour les mystères de la passion.
Mourir en Christ, c’est aussi vouloir qu’il y ait un changement qui se marque dans notre comportement, dans l’emploi de notre temps, dans nos distractions. Il y a des choses qui ne se font plus quand on est disciple de Jésus. Ce sont parfois les incroyants qui nous le rappellent, quand nous sommes tentés de faire comme tout le monde, « mais je croyais que vous étiez catho… ? »
Voilà un programme bien sévère que vous nous tracez là, me direz vous. Mais ce n’est pas vrai du tout ! Quand on prépare une naissance, il y a pas mal de contraintes pour la mère et il faut tout réorganiser dans la maison pour faire de la place à ce nouvel arrivant. Mais qui s’en attriste ? Comme dit Jésus : « quand l’enfant est né, la femme ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde ». La tristesse, elle est plutôt du côté de ceux qui n’arrivent pas à se priver pour la bonne cause et qui sont esclaves de leurs besoins.
Il y a une qualité de joie et de fraternité qui se rencontre chez ceux qui fêtent Pâques après avoir vécu ensemble un vrai Carême : ce n’est pas une façon de se rattraper après les privations, mais une capacité de goûter toute chose dans la lumière de Dieu, avec le souci de partager avec ses frères ces moments plus doux. Une anticipation du ciel, dont nos frères d’Orient sont coutumiers.
C’est le moment de choisir ce que nous voulons.