Tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant
Le vin que Dieu verse dans nos coupes est le meilleur qui soit.
Dieu ne donne pas avec parcimonie, mais lorsqu’il donne, c’est avec magnificence. Et quand ce n’est pas la quantité, comme dans la multiplication des pains et la pêche miraculeuse, c’est la qualité qui est étonnante, comme à Cana. La grâce que Dieu nous fait n’est pas étroite et mesquine et il n’est pas rare, quand arrive une faveur qu’on a longtemps demandée, qu’elle comporte non seulement l’objet de notre demande, mais quelque chose en plus, une allusion discrète à ce qui était notre état d’âme au moment où nous avons formulé notre requête.
On raconte chez les Petites sœurs de pauvres l’histoire de cette novice, qui, désespérant d’obtenir le cheval nécessaire pour titrer la carriole avec laquelle elle ramassait les dons pour ses vieillards, avait fini par faire un dessin qu’on avait placé sous les pieds de la statue de saint Joseph à la chapelle : un cheval tirant une carriole. Et voilà le cheval qui arrive, amené par un paysan généreux des environs, seulement il a un petit défaut qui n’est d‘ailleurs pas gênant, car il tire sa charge aussi bien qu’un autre, mais il se trouve qu’il a une patte plus courte que les autres. Etonnée, la sœur regarde son dessein resté à la chapelle et elle constate qu’elle avait mal dessiné la bête de trait et qu’une des pattes arrière était nettement trop courte !
Demandez au Seigneur ! Aucune demande ne sera vaine. Il peut arriver que Dieu n’accède pas tout de suite à notre demande, pour une raison que nous ne comprenons pas sur le moment, mais rien n’est perdu : le Seigneur a entendu, et un jour il dira, comme il l‘a dit à Zacharie père de Jean-Baptiste : « j’ai entendu ta prière » (celle que celui-ci avait formulée cinquante ans plutôt, quand il était jeune marié !).
Marie aussi aurait pu se troubler quand elle a entendu Jésus répondre à sa discrète demande pour les convives attablés qui vont manquer de vin : « mon heure n’est pas encore devenue ! ». Mais point du tout ! elle connait Jésus, elle sait sa manière d‘agir, sa référence constante à sa mission. Elle se tourne vers les serviteurs et les met tout de suite au travail, pour que Jésus n’ait plus qu’à décider du moment où il va intervenir.
La prière de demande suppose qu’il y ait entre Jésus et nous une intimité si étroite que nous devinions presque ce qu’il veut faire avec nous et que nous nous y ajustions. Ce n’est pas un rapport de force par lequel nous infléchirions à force d’insistance sa volonté dans le sens ou un autre. A ce prix, elle nous fait grandir. Mais si c’est autre chose, elle peut devenir source de déception et nous faire tomber.