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Il fallait !
« Jusque-là, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts ».
Il « fallait » ! On entend dire en plusieurs passages de l’Evangile : « il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup et qu’il soit rejeté par cette génération » (Luc 17,25). Cette nécessité, Jésus l’appuie sur le témoignage des Ecritures, mais c’est que, plus profondément, il la reçoit du Père comme le chemin douloureux qu’il doit suivre pour obéir à sa volonté de salut pour tous les hommes. Au pèlerin d’Emmaüs, il dira encore : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » (Luc 24,25).
Mais la « nécessité » de la Résurrection est d’un autre ordre. Jésus, par sa mort, est tout abandonné aux mains du Père et il lui a remis son honneur et son avenir. Et c’est la libre initiative de ce Père plein d‘amour qui lui donne en plénitude la vie et la gloire. La nécessité est celle d’une parfaite convenance entre la confiance filiale du Christ et la réponse du Père.
Si l’Écriture est invoquée comme témoin de cette nécessité, ce n’est pas que celle-ci serait un oracle qui indiquerait à l’avance tout ce qui va se passer, c’est parce qu’elle est dépositaire du sens des événements que nous allons découvrir peu à peu et que Jésus a vécu l’un après l’autre en accueillant le don du Père. C’est surtout ce lien entre la mort du Christ et sa vie de Ressuscité que nous avons à recueillir comme un trésor précieux.
Dieu dans l’Eden avait placé l’arbre de Vie pour qu’un jour l’homme accède à la vraie vie, la Vie éternelle. Mais il y avait pour cela une condition : pour que cette créature puisse profiter de ce don, il lui fallait d’abord être ajustée à la volonté de Dieu, il lui fallait aimer Dieu jusqu’à l’oubli d’elle-même. C’est le sens du deuxième arbre : l’arbre de la connaissance du bien et du mal, dont le fruit est interdit à l’homme dans un premier temps. En refusant d’accueillir dans la confiance le précepte divin, celui-ci se condamnait à la mort. Car le don de la vie éternelle sans l’amour voudrait dire une éternité de malheur. Comme l’ont bien vu les Pères de l’Eglise, la sentence de mort fut donc avant tout une mesure de protection.
Mais, en prenant l’attitude inverse, en acceptant de faire triompher l’obéissance à son Père au risque de sa vie, le Christ nous rend accessible l’arbre de Vie (cf. Apocalypse 22,1). Et nous avons, à l’horizon de notre parcours sur terre, la Vie éternelle.
Bonne fête de Pâques !