Il sauvera son peuple de ses péchés
Nous sommes habitués au nom de « Jésus », nous l’employons très facilement. Mais nous oublions un peu ce qu’il signifie : « le Seigneur sauve ». Dans l’antiquité les noms de personne étaient rarement des qualificatifs comme chez nous (Lecomte, Legrand, Dupont etc…), mais c’était plutôt une phrase qui disait quelque chose de la divinité, quelque chose d’heureux, qui était censé inspirer la vie de l’enfant qu’on nommait ainsi (« Dieu est fort », « le Seigneur se souvient » etc…). Donc Jésus a reçu ce nom qu’indique déjà l’Ange parlant en songe à Joseph, un nom qui dit sa mission: il sauvera son peuple de ses péchés.
Dans l’Ancien Testament, c’est Dieu qui sauve son peuple de ses ennemis (qu’on pense au livre des Juges). Il n’a besoin de personne, il déclare dans Isaïe (43,11) : « il n’y a pas d’autre Sauveur que moi ». Mais voilà que l’enfant qui va naître lui est associé, lui aussi sera sauveur. Mais sauveur de quoi ? Du péché. Il ne sera pas un libérateur politique ou militaire, il délivrera d’un danger bien plus insidieux et plus vaste : le péché, ce poison dans les veines de l’humanité depuis Adam. Tout est dit par là. Même Moïse, le confident des pensées divines, n’a pas eu cette tâche. Il ne sauvait pas, il transmettait la Loi de Dieu : ceux qui y obéiraient connaîtraient le bonheur sur la terre que Dieu allait leur donner, ceux qui s’en éloigneraient et suivraient d’autres dieux périraient.
C’est simple, il s’agit d’obéir. Chacun est responsable de ses actes, il a été averti par la Loi. Il n’y a pas d’excuse et par conséquent pas besoin de sauveur. Seulement, voilà : l’homme n’est pas si simple, il veut et il ne veut pas, il porte une hérédité qui le pousse à flirter avec le mal, à se jeter dans des expériences ruineuses qui le laisseront désarticulé et sans force. Ceux qui revendiquent leur liberté s’aperçoivent trop tard qu’ils étaient menés par les forces obscures du désir et de la volonté de puissance. Alors comment en sortir ? Comment libérer notre liberté ?
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, une issue est en vue : voilà que Dieu nous envoie un Sauveur, pas un moraliste qui nous fera la leçon, pas un révolutionnaire qui nous promettra monts et merveilles et laissera derrière lui des ruines fumantes. Lui qui va retourner comme un gant notre condition humaine, à partir du point-clef resté dans l’ombre : « l’amour de soi poussé jusqu’au mépris de Dieu » (saint Augustin). On a tellement peur de la souffrance, on a tellement besoin d’être aimé que le Démon gagnait à chaque fois et ployait toujours un peu plus la volonté de l’homme pour l’obliger à l’adorer. Or c’est l’inverse qui va arriver avec celui qui s’annonce : lui aimera son Père jusqu’au bout, jusqu’à l’indicible déréliction de Gethsémani et de la Croix. C’est « l’amour de Dieu jusqu’à l’oubli de soi ». Et le verrou sautera. Le Démon devra lâcher sa proie.
A nous de nous accrocher à Jésus pour participer à sa victoire ! Il est notre Sauveur ! Préparons sa naissance.
Michel GITTON