Confiance, lève-toi, il t’appelle !
Combien de nos contemporains, comme l’aveugle de Jéricho, élèvent aujourd’hui la voix pour crier leur souffrance et appeler le Christ à leur secours, parfois dans un désir confus, une attente qui ne porte pas de nom ! Mais trop souvent nous faisons la sourde oreille et nous ne répercutons pas l’invitation du Christ qui nous propose de les faire venir auprès de lui : « appelez-le(s) ! ». Nous estimons beaucoup trop que notre foi est une affaire personnelle, faite à notre taille, pour satisfaire nos besoins religieux et que les autres n’y ont pas leur place. Parfois nous identifions facilement certains comme musulmans, bouddhistes ou témoins de Jéhovah, trop heureux qu’ils aient un port d’attache qui nous dispense de leur parler de l’essentiel (au moins le croyons-nous). Mais prenons donc le temps de les écouter, de les interroger, nous verrons qu’il y a là un cri jeté vers Dieu, que celui qu’ils attendent n’est pas seulement l’Etre suprême et que, malgré des convictions affichées ou pas, il y a une grande détresse, un grand manque du Dieu de Jésus-Christ. Un kabyle me disait cet été qu’il avait toujours cherché à prier, mais qu’il n’avait jamais réussi à le faire dans l’Islam, où on ne lui proposait que des attitudes extérieures. Combien pourraient en dire autant ! Nous avons le secret du Dieu vivant avec Jésus présent parmi nous dans l’eucharistie et nous croyons que les gens sont hermétiques à la foi, malgré tant de témoignages contraires !
Au fond le salut n’est pas autre chose que la rencontre du vrai Dieu. C’est pour nous rencontrer et nous montrer le Père que Jésus est venu sur terre, c’est pour aller nous chercher qu’il a fondé une Eglise. Le reconnaître, lui le Fils éternel, l’accueillir personnellement avec notre cœur et notre intelligence, telle est la seule réponse possible à cette invitation et c’est là que nous trouvons la possibilité du salut. Tout dans le christianisme s’organise autour de cette rencontre, pour y amener et ensuite lui permettre de durer et d’imprégner toute la vie : rites, vie communautaire, doctrine, morale, mais séparé de la rencontre avec Jésus aucun de ces moyens n’a de valeur en lui-même. C’est pourquoi il faut tout faire pour la provoquer.
Saint Paul nous dit que la foi naît de ce qu’on entend (Romains 10,17) et, en fait de parole, celle que nous rapporte l’Evangile d’aujourd’hui est assez instructive : « confiance, lève-toi, il t’appelle ! ». « Confiance », parce qu’il faut cet encouragement pour commencer à sortir de soi, savoir qu’il y a quelqu’un qui prend souci de nous pour aller vers l’inconnu. « Lève-toi ! », car, sans une première démarche de notre liberté, si simple soit-elle, rien ne se passera. Pour l’aveugle, elle est si décidée, si carrément posée, qu’il jette son manteau, c.a.d. tout ce qu’il possède. « Il t’appelle », tout tient à cette assurance : la certitude que notre désir confus a trouvé en Jésus une réponse.