Gloire à Dieu au plus haut des cieux
et paix sur la terre aux hommes qu’il aime !
Tel est le chant des anges dans la nuit de Noël. Il y aurait une manière de comprendre cette double affirmation, comme confortant l’opposition du ciel et de la terre, au lieu de les rapprocher comme c’est de toute évidence le sens de l‘Incarnation : au ciel (le domaine de Dieu) conviendrait la gloire, à nous les mortels reviendrait seulement la paix, prise comme une affaire entre nous.
Ce serait manquer le sens de la bonne nouvelle qui est proclamée à Bethléem. La gloire, elle monte vers Dieu depuis les cœurs humains (assistés par les anges), la paix, elle, descend du ciel comme une grande pluie de bénédictions sur nous. La circulation est donc rétablie. Les hommes retrouvent leur vocation, qui est de chanter la louange divine et de s’associer aux créatures célestes et cela leur permet de profiter de cette plénitude de dons qui émane de Dieu le Père à travers son Fils.
Mais pourquoi est-il si important de rendre gloire à Dieu ? Dieu attend-il qu’on lui dise « merci » pour nous aimer ? Qu’ajoute pour lui cette « gloire » que nous lui offrons ? Disons-le franchement : rien. Dieu est Dieu et il est toute vie et tout bonheur. C’est notre monde qui s’éclaire quand il retrouve son orientation vers lui.
Déjà dans notre expérience de l’éducation, nous voyons bien que la gratitude grandit les êtres : quand un adolescent devient capable de dire sa reconnaissance pour un bienfait reçu, quelle liberté se dévoile à travers cette découverte ! Il n’est plus prisonnier de la peur de se laisser happer par la gentillesse de tel ou tel, il ne cherche plus à s’affirmer en s’opposant, il reconnaît un fait heureux pour lui et il établit ainsi une relation adulte avec ceux qui l’entourent, il devient à son tour capable de donner.
C’est un peu cela qui nous arrive avec Dieu. Lui rendre gloire, c’est venir habiter de façon apaisée notre relation avec lui et avec tout ce qui nous entoure, c’est voir s’éclairer la place de chacun, qui bénéficie à sa façon des dons de Dieu et qui, sans concurrence, est invité à jouer sa partition avec nous dans la symphonie des œuvres de Dieu.
Mais surtout rendre gloire à Dieu, c’est tout simplement arriver à l’aimer, faire le pont entre le ver de terre que nous sommes et l’étoile super-méga qu’il est lui : parcourir cette infinie distance dans la reconnaissance et la confiance, dans le respect et la tendresse, ne pas être gênés de notre petitesse, ne pas rêver d’une maîtrise sur les événements qui ne nous est pas donnée, ne pas nous prendre pour la mesure de l’univers et accepter d’être tout simplement nous, la « merveille que je suis » (ps 139,14), petit mais responsable.
A cette gloire correspond, de notre côté, la paix, la paix sur la terre. Cette paix, c’est le don par excellence du Messie. Comme on nous l’explique, elle ne se réduit pas à la suspension des hostilités, elle est une plénitude, une sécurité qui permet de bâtir et de regarder sereinement l’avenir. Elle résulte directement de la place juste que nous avons trouvée devant Dieu. Si nous nous savons partie prenante de son œuvre, nous serons sûrs qu’il mènera les choses jusqu’au bout, qu’il tient sa parole et n’a pas le bras trop court.
Joignons nos voix à celles des anges : GLORIA IN EXCELSIS DEO !