La résurrection de Lazare : miracle de la foi
L’évangile de la résurrection de Lazare marque ce 5e dimanche de Carême. On sait qu’il illustre le troisième « scrutin » pour la préparation des baptêmes qui auront lieu à Pâques : après l’eau vive (l’évangile de la Samaritaine), le don de la lumière (la guérison de l’aveugle né), c’est le don de la vie qui est mis en valeur.
La résurrection de Lazare n’est pas identique à celle de Jésus. Lazare revient à une vie mortelle, le Christ ressuscité « ne meurt plus, sur lui la mort n’a plus aucun pouvoir » nous dit saint Paul (Romains 6,9). Elle n’est pas non plus identique à celle que nous connaîtrons un jour, pour les mêmes raisons et aussi parce qu’elle ne traduit pas l’aboutissement du chemin de toute une vie dans l’embrasement final où, ayant vaincu le péché dans les cœurs, l’Esprit Saint déversera sa gloire sur nos corps (cf. la deuxième lecture de ce dimanche).
Pourtant elle a son importance, parce qu’elle nous montre jusqu’où peut aller la puissance de Dieu, qui ne s’arrête pas aux limites de notre vie intérieure, mais peut toucher les réalités physiques et faire reculer la mort elle-même. Lazare était mort depuis quatre jours, « il sentait déjà », c’est donc tout le processus de dégradation de la vie qui est renversé. La Résurrection de Jésus à Pâques sera infiniment plus que cela, mais elle sera d’abord cela, ne l’oublions pas. Ne nous imaginons pas que le Christ se serait évaporé dans la nuit. Il s’est bel et bien relevé, comme le dit le mot de « résurrection ». Que l’expression « corps spirituel » ne nous abuse pas : « spirituel » dans ce cas ne veut pas dire « immatériel », mais « animé du souffle de l’Esprit », vivant donc d’une vie plus intense, mais non moins réelle. La Bible a été écrite dans un monde où on ne se berce pas d’abstractions : un corps, c’est un corps avec du sang et des veines.
Elle nous apprend aussi la puissance de la foi. Le miracle est d’abord celui de la foi : avant la résurrection de Lazare, il y a eu une autre résurrection, celle de la foi dans le cœur de Marthe et ceci est un épisode merveilleux. A celle qui avait mal vécu l’arrivée tardive de Jésus, parce qu’il aurait pu sauver la situation s’il était venu plus tôt, le Maître ne répond rien d’abord, il la laisse dire son ressentiment, jusqu’au moment, où elle s’aperçoit qu’elle a été trop loin et alors elle ose cette phrase merveilleuse : « je sais que, maintenant encore, Dieu t’accordera tout ce que tu lui demanderas ». Malgré l’évidence de la mort, elle continue de faire confiance ! Jésus n’a plus qu’à avancer : « ton frère ressuscitera ! » En bonne élève qu’elle est, elle répète la leçon apprise : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour » mais (sous-entendu) ça ne change rien pour l’immédiat. Alors Jésus peut faire un pas de plus : « Je suis la résurrection et la vie; celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra; Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais ». Ainsi donc la Résurrection n’est pas seulement une vérité pour plus tard, elle est là dans la personne même de celui qui lui parle. La condition ? la foi, rien que la foi. « Crois-tu cela ? ». « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde ». Tout ceci est si beau que la suite ne nous étonne plus.