
La première semaine
Jésus revient « huit jours plus tard » (Jean 20,26), consacrant ainsi le rythme dominical, qui sera celui de l’Eglise jusqu’à son retour. Etant entendu qu’il est ressuscité le « 1er jour de la semaine » (de la semaine juive, s’entend), il inaugure un nouveau rendez-vous sacré auquel les chrétiens essaieront d’être fidèles : le dimanche, le jour du Seigneur ! Notons que, dans les premiers temps du christianisme, ce jour n’était pas férié, il ne figurait ni dans le calendrier des juifs, ni dans celui des païens. C’est dire que les fidèles devaient se lever très tôt pour se retrouver et pour participer à la messe dominicale, avant leur journée de travail !
Par là, la vie chrétienne s’inscrit dans les cycles temporels qui rythment la vie des hommes. Viendront après : l’année liturgique avec ses différentes fêtes, les mois consacrés à certains mystère (Marie, les défunts, etc…), les années saintes etc. … Mais, ne nous y trompons pas, il ne s’agit pas pour les disciples de Jésus de s’installer dans le temps mondain et de vivre seulement au rythme des saisons. Le christianisme n’est pas une religion de la nature. Notre cité, elle est au ciel. Nous organisons un peu notre séjour sur terre, mais juste assez pour y prendre notre élan vers le ciel.
Le grand mérite du calendrier, tel que l’ont forgé des siècles de christianisme, c’est qu’il est une constante référence au Christ, à sa vie mais aussi à son action dans la vie des croyants (c’est de cette façon que l’on retrouve les saints, qui sont tous « porteurs de Christ », comme saint Christophe). Nous sommes sans cesse provoqués à nous rappeler telle parole de Jésus, tel geste qu’il a posé, telle promesse il a faite, les saints mettant en lumière tel trait de la vie Christ. Des fils se tissent ainsi entre le ciel et la terre et nous pouvons alors jour après jour nous rappeler ce que Jésus a dit ou fait dans des moments analogues, ou ce qu’ont vécu saint François ou sainte Thérèse de Lisieux.
Notre prière ne sera pas seulement imitation de Jésus et des saints, mais elle sera aussi contemplation. Car dans le clair-obscur de la foi il y a bien quelque chose (pardon, quelqu’un !) qui se donne parfois à voir, à entendre, à sentir, et même à toucher. Il ne s’agit pas de le laisser à la porte. Il a d’ailleurs le don d’apparaitre là où on ne l’attendait pas et sans prévenir.
Mais tout cela est marqué du signe de l’attente, la cité sainte n’est plus très loin, mais elle n’est pas encore advenue, le Christ est présent dans l’hostie sainte, mais nous disons encore : « viens ! » (Maranatha) au moment précis où il apparait. Nos rites n’ont pas pour but de reproduire de façon imagée ce qui s’est passé à Capharnaüm ou au Cénacle, mais de faire grandir notre faim des dons du ciel.