Vous ne savez pas quand viendra le moment !
Le Seigneur Jésus a-t-il fait autre chose pendant son passage sur la terre que nous éveiller à la promesse du jour merveilleux où il viendra mettre un terme au mal et à la souffrance, terme pour lequel nous devons être prêts, sous peine de manquer notre rendez-vous ?
Mais ce jour est-il un jour sur le calendrier, un jour comme ceux que nous vivons, ou bien n’est-ce pas un horizon qui recule à mesure que nous avançons, un terme idéal qui n’arrivera jamais dans l’histoire, mais qui nous aide à avancer, et qui relance sans cesse notre marche en avant ? Cette dernière interprétation est très à la mode dans certains milieux, elle prétend rompre avec les représentations mythiques de la Parousie et donner une version adulte des promesses messianiques, mais elle est ruineuse pour notre espérance.
Si rien ne doit arriver qui tranche avec le cours du monde tel que nous le connaissons, s’il n’y a pas un moment où Dieu arrêtera la loi inexorable de la Mort, autant dire que l’histoire continuera indéfiniment sans vrai changement, avec des hauts et des bas, et que le mal continuera de défier la Bonté de Dieu.
Mais, non, les promesses de Jésus sont trop précises, trop concrètes, tout en laissant une part de mystère à l’initiative de Dieu, pour que cet avenir ne soit qu’un beau rêve, dont il faudrait juste savoir le sens afin de diriger sa vie. De même qu’il y a eu un vrai commencement à l’histoire de l’homme avec Dieu, commencement marqué par un premier péché qui a influé sur tout le développement ultérieur de l’humanité, il y a aura aussi une fin. Non pas la fin de tout, catastrophe meurtrière qui engloutirait la terre et tous ses habitants, mais passage à une autre étape, infiniment heureuse, que nous n’avons même pas à imaginer, car Dieu lui-même nous en fera la surprise.
La même difficulté qui motivait les réserves de beaucoup à propos du péché originel se retrouve quand il s’agit de la Résurrection de la chair. Si on n’est pas prêt à admettre que l’état de nos relations avec Dieu a des conséquences jusque dans notre organisme physique, on a du mal à croire que la mort ait pu être « le salaire du péché » (Romains 6,23) et on n’admet pas non plus que la Résurrection en chair et en os soit à l’inverse le fruit de la réconciliation définitive de l’homme avec Dieu. Une vision platonicienne de l’homme voudrait maintenir à distance l’histoire de notre âme et le destin de nos corps : à l’un de s’élever au ciel à l’autre de pourrir dans le sol. Or, de par la volonté de Dieu, les deux sont liés.
C’est pourquoi le Jour dont nous parle Jésus n’est pas un rêve, c’est un évènement parfaitement réel qui sera le commencement de notre bonheur. N’espérons pas moins du Dieu vivant !