Épiphanie !
Chaque année, l’Eglise nous propose pour cette fête le même ensemble de lectures. Mais ce choix est tellement somptueux qu’on ne risque pas de se lasser de l’entendre. Le thème de la « manifestation » (c’est la signification du mot grec épiphaneïa), au sens large du terme, est particulièrement mis en valeur et c’est lui qui forme l’unité des trois lectures, Et à juste titre, car c’est tout un pan de notre foi chrétienne qui est en jeu : si on cherche à rassembler ce que nous croyons sur Jésus, nous trouvons deux directions principales : ou bien on y insiste sur la guérison du cœur de l’homme et le renouveau intérieur que lui apporte le mystère pascal, ou bien on met en valeur la démarche de Dieu qui révèle à celui-ci son vrai visage en s’approchant de lui jusqu’à prendre son humanité et y laisser transparaître sa vie divine : drame du salut ou manifestation du Vrai Dieu, tels sont les deux versants de notre foi, tels sont aussi les deux foyers de notre année liturgique : Pâques et l’Épiphanie, les deux plus anciennes fêtes de l’Église.
Ce dimanche, c’est donc la manifestation de Dieu qui retient notre attention. Nous y voyons, avec Isaïe, tout le côté lumineux de notre relation à Dieu : Dieu ne joue pas à cache-cache avec nous, il ne nous propose pas de le chercher dans le vide. Il aspire à nous communiquer sa gloire, c.a.d. le rayonnement de sa vie intérieure. Dieu, qui aurait pu rester inaccessible et se contenter de nous envoyer le détail de ses volontés, a résolu de nous ouvrir ses pensées les plus profondes et de nous laisser deviner quelque chose de son être éternel, sa vie divine qui est jaillissement d’amour, débordement de vie. Il nous traite en partenaire responsables et daigne s’expliquer avec nous, même si ce qu’il a à nous dire nous dépasse infiniment.
Avec saint Paul, dans la lettre aux Ephésiens, nous suivons du regard la dispensation de ce mystère dans et par l’Eglise. Celle-ci est tout à la fois le lieu où retentit la révélation du Vrai Dieu et l’objet même de cette révélation, dans la mesure où elle représente l’ultime avance de Dieu vers les hommes.
Vient enfin l’Évangile de la visite des Mages, qui est tout sauf un récit folklorique ou légendaire. Il s’agit de la rencontre (la première) entre la lumière divine qui repose en Jésus-Christ et les non-juifs. Ce rapprochement, qui va provoquer l’étincelle de la foi, suppose toute une mise en mouvement de l’homme, à partir des signes qu’il peut percevoir (les astres), avec les Écritures comme point de passage obligé et la médiation du peuple d’Israël, jusqu’à la rencontre inespérée. Cette démarche rejoint en définitive celle de Dieu qui, étant en quête de l’homme, cherche le moment favorable pour se communiquer vraiment à son cœur et à son intelligence.