La Trinité, quel défi !
C’est très beau quand les gens croient en Dieu, c’est tellement mieux que quand ils n’y croient pas : au lieu d’un ciel plombé au-dessus de nos têtes, c’est une grande ouverture vers la lumière et l’infini ! Je le dis sincèrement, je suis toujours ému de rencontrer une âme religieuse, quelqu’un qui prie, même si sa prière n’est pas la mienne.
Mais, après cette première reconnaissance, on est bien obligé de se demander de quel Dieu on parle. Car il y a Dieu et Dieu, si je peux m’exprimer ainsi. Le Dieu unique lui aussi peut devenir une idole, celle de nos rêves ou de nos idées. Et alors, loin d’amener la lumière, il enferme peu à peu son fidèle dans une impasse. La foi religieuse, qui a amené les hommes à se dépasser dans beaucoup de domaines, a aussi malheureusement provoqué parfois des aberrations. « Dis-moi quel est ton Dieu et je te dirai qui tu es ! », disait je ne sais plus qui.
Nous chrétiens, nous nous sommes laissés provoquer par un Dieu qui s’est présenté à nous comme « Père », « Fils » et « Saint Esprit ». Trois noms là où n’en attendions qu’un seul ! Et pas seulement trois appellations qui pourraient s’appliquer au même titulaire, c’est Jésus qui nous dit : « vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ! » (Jean 14,1) et à propos du Saint Esprit : « quand il viendra, Lui, l’Esprit de vérité, (…) il me glorifiera ! » (16,13-14).
Donc avec lui, pas moyen que prendre « Père » en un sens large comme une manière de dire simplement que Dieu s’intéresse à ses créatures, qui seraient un peu comme ses enfants, non ! Il est Père parce qu’il a éternellement un Fils tout proche de Lui et pourtant différent, un Fils qui n’a pas commencé d’exister un jour, mais qui est là depuis toujours partageant son être, ses pensées, ses volontés, un Fils qu’il nous a envoyé pour nous venir en aide et porter remède à l’éloignement de sa créature humaine égarée par le péché. Donc on ne peut pas prendre l’un sans l’autre. Saint Jean nous le déclare : « Quiconque nie le Fils ne possède pas non plus le Père » (1 Jean 2,23). On ne peut accueillir vraiment
Dieu que si on reconnaît en Lui le Père et le Fils.
Mais on ne peut pas le prendre non plus sans son Esprit. Il est vain de dire que l’Esprit est une force, un souffle, que Dieu répandrait à l’extérieur. Si le troisième n’a pas un nom qui renvoie à la famille, comme les deux autres, c’est une invitation à prendre du recul par rapport aux images prises à notre expérience. Il est le troisième, il n’est pas le fils du Fils, ni son frère, il va plus loin que le face à face Père/Fils, parce qu’il est à la fois leur amour et le fruit de leur amour, il est dans l’un et dans l’autre et pourtant il est lui-même et le Père nous le communique pour qu’il établisse en nous aussi la relation !
Merveilles que tout cela ! L’image de Dieu qui s’en dégage est d’une force incroyable. Pourtant ce n’est pas un raisonnement humain qui a bâti tout cela. Dieu s’est montré plus en actes qu’en mots dans l’histoire du salut et c’est guidée par l’Esprit que l’Eglise a élaboré peu à peu des définitions, pour préserver sa foi des déviations toujours possibles.
Reconnaissons et adorons la Sainte et indivisible Trinité !