Doux et humble de cœur
Jésus se définit ainsi, en écho à la prophétie d’Isaïe qui annonçait la venue de celui qu’il appelle le « Serviteur », il disait de lui : « Il ne criera pas, il n’élèvera pas le ton, il ne fera pas entendre sa voix dans la rue; il ne brisera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit » (42,2-3).
La douceur de Jésus caractérise d’abord une manière d’agir qui, pour transformer le cœur des hommes, ne manie pas la menace, qui ne cherche pas à inspirer la crainte. Cette douceur n’est pas de la faiblesse. Il sait être exigeant, il est parfois sévère, il lui arrive même dans certains cas (les vendeurs chassés du Temple) de manier le fouet. Mais il s’arrange à ne blesser personne et évite de casser les cages des vendeurs d’oiseaux qui risqueraient dans ce cas de tout perdre. Son usage de la force est mesuré, comme c’est le cas de tous ceux qui sont réellement forts, qui n’ont pas besoin de faire étalage de leurs biceps et qui ne se laissent pas entraîner à une escalade de violence inutile.
La douceur de Jésus est une force. C’est lui qui l’a dit : « heureux les doux, ils posséderont la Terre promise ». En ne nous violentant pas, il obtient des résultats plus larges et surtout plus durables. Il prend son temps. De quelle patience fait-il montre avec nous! C’est confondant parfois de mesurer ce chemin qu’il a fait sans rien dire près de nous, jusqu’au moment où …
Mais il y a plus. Quand nous disons que le miel à doux à notre palais, nous ne faisons pas seulement allusion au fait qu’il n’est pas dur, amer etc., nous disons une qualité positive, une sensation agréable, un charme particulier qu’il nous communique. Combien plus avec le Seigneur ! L’Epouse du Cantique des cantiques s’écrie dans un transport d’amour : « son fruit est doux à mon palais ! » (2,3). Le psalmiste chante de son côté : « Goûtez et voyez comme le Seigneur est bon ! » (34,9).
Cette bonté se marie avec l’humilité. L’amour est humble, sinon il ne serait pas. Le sentiment de supériorité en est par principe banni. L’amour qu’on nous porte est évidemment une grâce qui nous est faite et il faut le recevoir comme tel, se savoir très petit devant un tel don. Mais réciproquement celui qui aime vraiment n’a pas conscience de faire quelque chose d’extraordinaire, il s’avance avec crainte ayant peur de blesser, il attend la réponse de l’aimé(e) comme une grâce, pas comme un dû, sous prétexte qu’il serait le meilleur ou le plus fort.
Oui, Jésus, notre amour est allé jusque-là !