Une parole qui bouscule
La Parole de Dieu n’est pas comme celle des hommes : fluente, incertaine, versatile. Elle n’est pas seulement du discours, elle s’appuie sur des faits et elle provoque de vrais changements. Saint Paul peut donc nous dire « notre prédication de l’Évangile ne vous a pas été faite en parole seulement, mais elle a été accompagnée de miracles, de l’effusion de l’Esprit-Saint et d’une pleine persuasion ». (1 Thessaloniciens 1,5).
Il ne s’agit pas évidemment du livre des Evangiles, même si celui-ci est très important pour nous faire connaître la manière dont Dieu assure notre salut et comment il veut que nous répondions à son attente. Mais l’évangile, c’est-à-dire la Bonne Nouvelle, c’est d’abord l’évènement qui s’est produit dans l’histoire des hommes avec la venue de Jésus sur terre, sa mort et sa Résurrection. Justement les lectures de ce dimanche nous font connaître la manière dont il nous partage ses dons: et nous voyons qu’il appuie toujours sa parole sur des signes qui l’accréditent, c’était déjà vrai avec l’Ancien Testament où Dieu ébranlait les portes du Temple au moment où il se manifestait à celui qui va devenir son prophète. Mais le plus grand de ces signes, c’est évidemment la Résurrection de Jésus après une mort infamante sur la croix.
Loin de nous encourager à croire coûte que coûte sans aucune preuve, saint Paul nous dit que, sans la Résurrection, concrète réelle, charnelle, notre foi serait « vaine ». Et, il insiste : il y a eu des témoins crédibles qui l’ont vu, il y a eu des signes qui l’accompagnaient. Personne n’est forcé de croire, mais c’est arrivé.
Quelqu’un posait un jour la question : « est-ce que vous croiriez à Jésus ressuscité, si on vous prouvait qu’on a retrouvé à Jérusalem un cadavre qui a toute chance d’être le sien ? » L’hypothèse est évidemment farfelue, mais supposons. Celui qui répondrait : « oui, je continuerais à croire en Jésus, ma foi n’a rien à faire des vérifications humaines » m’inquiéterait beaucoup. Car ce qui resterait de la Résurrection serait à peu près ceci : « je crois que Jésus est toujours vivant dans nos cœurs ». Pieuse pensée, mais où est le changement ? Le monde tel que nous le connaissons continuerait donc invariablement son petit bonhomme de chemin et, au milieu de cela, il y en aurait certains qui trouveraient en un Jésus un peu mythique leur consolation. La nouveauté serait dans les mots, mais le réel resterait inchangé. Que ce soit là notre statut habituel, nous avons fini par nous y faire, nous avons appris dès notre enfance à ne pas nous contenter de mots. Mais que Dieu ne puisse pas faire autrement, quand il veut appuyer ses promesses sur des faits tangibles, c’est autre chose. Là on pourrait bien être surpris, une fois ou l’autre. Or il semble que, parmi ces occasions, il y a eu le mystère pascal, où Jésus est venu toucher les limites de notre condition humaine. Et si, sur ce cas-là, Dieu n’a pas battu la mort sur son propre terrain et si rien n’est changé en fait, on peut fermer le ban. « Buvons et mangeons, car demain nous serons morts ! ».
Mais le Seigneur en a trop fait pour que nous nous arrêtions là.